Zazie crée le monde de la zic en 7 jours – Za7ie

 Zazie, Za7ie

La revoilà, la Zazie. Pour son 7^e album, qui est bien plus qu’un « concept » (mot qu’elle déteste). Avec Phil Baron, Philippe Paradis et Mathieu Rabate pour l’essentiel, on ne change pas une équipe qui gagne. Les fans vont en avoir pour leur argent – thème largement abordé dans cet album – puisque ce n’est pas 1, pas 2, pas 3, pas… mais bien 7 albums de 7 chansons qui sortiront au compte-goutte. 49 chansons, pour que les auditeurs « fassent leur marché », et prennent une chanson par ci, une autre par là.

Electrique et Robotique

Un album de Zazie n’aurait aucune raison d’être s’il n’était pas électro. Les rythmiques sont soignées et toujours renouvelées, ouvrant vers une profondeur de champ sonore. On retrouve beaucoup ce modèle dans la première partie de l’album. Elle ose même dans Avant l’amour, intégrer des sons typiques du basculement entre analogique et numérique quand il y a échantillonnage. Ok, c’est technique, mais je suis sûr que cela parlera à certains.

En outre, Zazie n’hésite pas à robotiser sa voix. Cela donne plus de froideur et illustre ainsi parfaitement les propos de Pas que Beau ou Etre et avoir, chanson la plus aboutie à mon goût. Dans cette dernière, la double voix à une octave d’écart développe une faculté de surdimensionner les vers chantés. Le thème musical n’en est que plus lancinant, et ne nous quitte plus. Processus intéressant.

La griffe Zazie

Ce que Zazie a réussi à imposer à mesure de ses albums est une musicalité qui lui est propre. Un peu à la manière d’Alanis Morissette, elle a su réapprendre à nos oreilles qu’il existe d’autres enchainements d’accords que Sol-Ré-Do-Mim. Et cela reste très musical, que ce soit monotonique avec le refrain d’Avant l’amour, ou une descente de notes comme dans L’amour dollar, suite logique d’Etre et Avoir.

Côté parole, la poésie zazistique est truffée de jeux de mots. Certains semblent encore s’en étonner. Personnellement, je m’amuse de voir que certains d’entre eux ne m’apparaissent qu’après quelques années et des centaines d’écoutes.

Cet album reste particulièrement noir au niveau des paroles. Les amours déchus ou contrariés, la précarité de la vie, la course de l’être humain vers l’éphémère, bref, contrairement aux précédents albums, Zazie ne laisse pas même un rayon de soleil aux thématiques qu’elle aborde. Zazie, un commentaire ?

Duos inattendus

La toujours surprenante Zazie possède aussi ce don formidable de s’associer à des artistes que l’on ne pensait pas proche de son entourage, tant personnel que professionnel. On se souvient de son Duo avec Paolo Nutini ou encore d’Axel Bauer qui ne sent toujours pas A ma Place. Ici, trois duos échelonnent cet album avec Philippe Paradis, Renaud Papillon Paravel et Aaron. Les heureux élus donnent alors une envergure nouvelle aux chansons de la folle aux pieds nus. Un duo/duel marrant avec Phillipe Paradis. Un duo avec l’imposteur vocal de Benjamin Biolay. Et une mention spéciale pour Aaron qui offre un texte d’une poésie rare. Ce duo fonctionne comme un Yin (auteur) et son Yang (compositeur). Les deux voix se mêlent et se rejoignent pour remplir avec audace La Place du vide.

On attend avec impatience l’album des duos qui devrait faire figurer Vanessa Paradis ou bien M !

Comptines

Depuis Sol en Cirque, Zazie a su développer des talents d’auteur pour enfant. On retrouve cette facette dans des chansons comme Chanson d’amour, Je te tiens, Je vous aime (chanson liste que je n’apprécie guère, sur le même modèle que J’aime j’aime pas du précédent album) ou encore Tout va bien, duo avec sa fille, où chaque fois cette candeur enfantine est mariée à une force du désespoir qui est quelque peu dérangeante, mais là est tout le but.

Une question pour Zazie quand même : comment aborde-t-on un duo avec sa fille de 3 ans ?

Relax (Don’t do it)

Enfin vient Tindfjöll, sorte de célébration au volcan tout calme qui est en face de celui qui a un nom tout aussi imprononçable et qui a bloqué mondialement le système aérien cet été ! On le sait Zazie voulait se mesurer aux disques ultra-commerciaux de « zénitude », de « force tranquille attitude » ou de « réflexion et prélassitude », bref tout les disques qui finissent en tude. Toute la difficulté de ce type de disque est de concevoir une musique calme. Or on imagine, à tort, qu’une sonorité trop attaquante ou piquante peut compromettre cet objectif ultime. Zazie nous prouve le contraire, et nous donne une belle leçon.

Za7ie assoit un peu plus la richesse des propositions que la chanteuse renouvelle en permanence. A savoir comment elle va réussir à faire son choix pour les chansons qui figureront sur sa prochaine tournée, la réponse est sur scène.